18h03, Gare Saint-Lazare, quai de la ligne 13
(Oh oui la fameuse, l’enfant terrible de la RATP). Sur le quai bondé de monde,
quelques ambitieux se faufilent entre les gens stoïques afin de se faire une
place, espérant ainsi augmenter leurs chances de monter dans le prochain métro.
Le fourmillement bruyant, cet indescriptible bruit de fond est tantôt ponctué
par le crissement des rails, tantôt par les annonces de la RATP disant « Pour
ne pas tenter les pickpockets, fermez bien votre sac et surveillez vos effets
personnels ». A partir de ce moment là, on est arraché à notre rêverie
musicale ou à notre geekerie sur téléphone portatif et on prend conscience que
le métro, c’est pleins d’inconnus, pouvant être parfois mal intentionnés. On repense
aux discours teintés de paranoïa que nous ont servis nos parents pendant tant d’années…
ces derniers disaient, caricaturalement, que « les inconnus dans la rue et
les transports sont mauvais, ils vont te voler tes affaires, te kidnapper et te
torturer ! Fuis mon enfant !! ». En grandissant, on s’est bien
entendu rendu compte que les parents n’ont pas toujours raison, mais à force de
nous bourrer le crâne avec ce genre d’idées, on se braque.
Le wagon de métro est devenu un lieu d’attroupement
d’individus dépourvus de tous sentiments, essayant d’atteindre une sorte d’idéal
de neutralité dans leur attitude. De temps à autre, une dispute éclate entre
deux passagers, ça crie, ça râle, mais personne n’y prête guère attention, car
le but, c’est de ne pas se faire remarquer, de se fondre dans la masse morose. En
bref, faire la gueule dans le métro, c’est normal.
Qu’en est-il des gens qui sourient sans raison
apparente ? Serait-il donc possible d’être heureux, aux heures de pointes,
compactés dans un wagon de la ligne 13 ?
On a tendance à regarder de travers les gens qui
sourient sans raison, à se dire qu’ils sont fous, qu’ils vont à tout prix
vouloir engager la conversation avec nous alors que la règle numéro 1 est :
« Ne jamais parler aux inconnus » ! Alors que tous les autres
passagers essayent de rester neutres, une personne sourit en face de vous.
Votre première réaction : vous l’ignorez. Puis vous vous demandez quand
même « Mais qu’est-ce qu’elle me veut, j’ai un truc bizarre sur la figure
ou quoi ?! ». Non non, rassurez-vous, votre coiffure est parfaite, c’est
juste une personne heureuse, tout à fait saine, normale, un anonyme parmi d’autres.
Pour ma part, quand la joie démange les traits
de mon visage, j’ai une technique infaillible pour ne pas que mes compagnons de
voyage remettent en cause ma santé mentale : je regarde mon téléphone en
faisant semblant de lire un message hi-la-rant ! Ca passe toujours.
Prenez-en note, ça peut toujours vous servir.
XX Amelie
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